Explorer la vie et l’écologie Autochtone dans les îles Gulf du Canada
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Par Anthony Hobson, Commission mondiale des aires protégées de l’UICN
Après un dur labeur vient en général, la récompense. Pour un groupe de participants au Cinquième Congrès international sur les aires marines protégées (IMPAC5), qui s’est tenu à Vancouver au début du mois de février 2023, cette dernière a pris la forme d’une vision nette et étonnante. Les participants ont été témoins de la manière dont la fusion du leadership Autochtone et des méthodes traditionnelles de protection de l’environnement marin et côtier peut créer des zones de tranquillité, de proximité avec la nature et d’utilisation durable de ces zones. Tous ces aspects semblent exemplaires dans les îles Gulf du sud, adjacentes à l’île de Vancouver.
Parcs Canada et la Commission mondiale des aires protégées (CMAP) de l’UICN ont réuni un groupe de professionnels et de praticiens de la protection marine pour une visite des îles Gulf sur la côte sud-ouest du Canada. Il s’agit apparemment de l’un des secrets les moins bien gardés au monde, car celles-ci constituent une destination touristique de premier plan pour les voyageurs qui se rendent dans la région. Le groupe de 22 personnes, venues du monde entier, s’est retrouvé au terminus du traversier de Tsawwassen, au sud de Vancouver. Les voyageurs ont pu admirer le paysage depuis le pont du gigantesque bateau alors qu’il naviguait dans une large baie puis entre des îles étroites, en direction du point de départ de l’excursion, les bureaux de Parcs Canada de la réserve de parc national des îles-Gulf, à Sidney, en Colombie-Britannique.
Le groupe a été mené par Raven August, coordinatrice des Premières Nations de Parcs Canada et notre guide Autochtone. Nous avons commencé par une courte séance d’orientation sur la sécurité au centre de Parcs Canada à Sidney, puis nous nous sommes rendus sur notre petit bateau d’excursion, équipé de gilets de sauvetage accrochés au plafond et de fenêtres tout autour. La journée a été facilement la plus chaude et la plus ensoleillée de toute la durée d’IMPAC5, offrant des paysages spectaculaires : nous avons vu de petites et de grandes îles, observé des phoques, des oiseaux et d’autres espèces animales qui nous regardaient également passer. Le premier arrêt a été l’île Russel, où les indices du travail des loutres sur les crabes et autres crustacés étaient évidents. Les participants ont échangé autour d’un bon déjeuner très apprécié fourni par Raven qui semblait posséder le sac de Mary Poppins ou un Tardis. C’était fascinant de découvrir les différentes professions et le travail des uns et des autres dans diverses parties du monde.
“Les défis auxquels nous sommes confrontés dans le cadre des efforts de conservation marine à travers le monde ont plus de points communs que de différences”, déclare James Gordon, de la direction de l’établissement des aires marines de conservation de Parcs Canada, qui a joué un rôle déterminant dans l’organisation de cette visite. “Notre capacité à collaborer, à échanger des idées et à tirer parti de nos efforts collectifs améliorera considérablement nos chances d’atteindre nos objectifs communs de protéger les milieux marins, de supporter la biodiversité et de ralentir le changement climatique, comme l’a démontré ce rassemblement d’esprits venus du monde entier.”
L’un des thèmes mémorables et potentiellement importants qui est ressorti des conversations de la journée est l’importance d’IMPAC5 pour les professionnels des aires marines protégées (AMP). Nombre d’entre eux travaillent seuls ou en équipes de deux ou trois, comme les gardes forestiers, les chercheurs ou les gestionnaires d’AMP. Certains travaillent avec des groupes qui sont souvent ambivalents, voire hostiles à l’existence d’AMP ou de réseau d’AMP. IMPAC5 a montré à ces participants qu’ils n’étaient pas seuls, aux niveaux humain, personnel et physique. L’encouragement et l’énergie ressentis grâce au nombre de personnes partageant les mêmes idées et réunies en un même lieu ont été réparateurs.
Notre guide, Meghan Kate Humble, directrice de la réserve de parc national des Îles-Gulf, n’a cessé de souligner l’importance et l’intégration des pratiques durable des Premières Nations sur ces îles, où l’on retrouve des traces de leur vie et de leur histoire un peu partout. Elle nous a menés sur une toute petite plage de sable blanc sur l’île Russel, où de nombreuses générations de membres des Premières Nations ont utilisé et utilisent leurs savoirs pour faire de l’élevage de coquillages en fonction de la montée et de la descente des marées sur la plage. La blancheur de la plage provient de ces mêmes coquillages, recyclés, qui deviennent progressivement le sable blanc.
La dernière île, l’île Pender, a offert à tous les participants un coucher de soleil à couper le souffle sur sa baie, sa plage et son paysage marin. Il était temps de rentrer et de tisser des derniers liens en discutant de tous les enseignements de cette journée sur la baie mais également des semaines passées à préparer et à participer à IMPAC5.
En route pour IMPAC6, au Sénégal, où nous espérons que ce qui a été appris et partagé se reflétera dans les progrès que nous avons réalisés pour atteindre les objectifs du cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal, à savoir la protection et la restauration de l’océan d’ici 2030, ainsi que l’efficacité du leadership Autochtone et l’augmentation de la participation des jeunes.